COURANT ALTERNATIF --- chroniques du Calavon

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A quoi sert l'homme ? Une souffrance personnelle

Une souffrance personnelle

        Il est regrettable que les théologiens de la religion chrétienne en soient restés à cette phrase lapidaire ‘vous enfanterez dans la douleur’ pour nous expliquer que la souffrance, physique ou morale, est une punition de Dieu.

        Ce raisonnement très simpliste s’inscrit dans une logique, celle de la naissance du christianisme universel quelques siècles après la présence du Christ. Il fallait détourner le peuple de tous ces dieux et déesses que l’on priait depuis des générations et qui normalement devaient exaucer les demandes et amener le bonheur sur terre.

        Avec le dogme du Dieu unique enfin clairement imposé, ou presque unique car il fallait procéder avec diplomatie, ou ne pouvait compter avoir beaucoup de bonheur pendant notre vie, mais en échange en espérer beaucoup après la mort. C’était plus facile de promettre ce que personne ne pourrait jamais vérifier ; mais en même temps pour mériter cette béatitude l’être humain devait adopter tout un ensemble de règles de comportement et accepter la souffrance comme don de Dieu, une épreuve forcément enrichissante !

        Cette dimension très aliénante donnée à la souffrance, réduite finalement à l’état de punition est de moins en moins bien acceptée.


* * *


“ Monsieur, je souffre beaucoup depuis que j’ai perdu mon mari ; pensez-vous que c’est normal et que cela va durer encore longtemps ? “
“ Hélas, oui Madame, vous allez souffrir jusqu’à la fin de vos jours, et même si cette souffrance va peu à peu s’atténuer, elle restera lancinante et vous ne pourrez rien faire. “
“ Mais qu’ai-je fait, comme toutes les autres dans mon cas, pour subir cette épreuve ? “
“ Rien, vous êtes née, c’est tout !”


* * *


        La souffrance est inscrite dans notre histoire. Souffrance physique, blessure ou maladie, souffrance morale devant la misère humaine, souffrance intime avec la disparition d’un être cher. Et cet état nous concerne chacun et chacune, à titre individuel, sans partage possible, sorte de fatalité, blessure souvent inguérissable, attente d’une mort annoncée. Et rien n’y fait, le temps fait avancer ses aiguilles sans retour possible et sans alléger le poids de cette solitude dans la douleur, paradoxe incompréhensible dans notre destin collectif.

        Seule possibilité, peut-être voulue, c’est le moment à travers cette souffrance de creuser un peu plus loin dans ses pensées, l’occasion de chercher à découvrir ce qu’il y a au-delà de la condition humaine ; une porte ouverte pour l’homme, seul au milieu de la foule, avec son regard tourné vers le cosmos, comme pour le supplier de lui expliquer enfin pourquoi il est là ; de lui dire peut-être que cette souffrance n’est pas inutile car elle redonne une dimension à l’être humain, une capacité d’introspection, qui le plonge dans l’abîme vertigineux de ses pensées et lui offre une nouvelle liberté inaliénable.

        C’est vrai, nous vivons dans le monde des impossibles, esclaves d’un destin collectif, avec heureusement, la faculté de nous réfugier quelques fois au fond de nous-même, et peut-être d’y trouver au moins une raison de croire au destin de l’homme.

J-LdL



15/03/2014
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