COURANT ALTERNATIF --- chroniques du Calavon

Le silence

    Le silence, c’est lorsqu’on n’entend plus rien d’autre que le bruit de ses souvenirs. Et cela se répète, dès que l’on se retire de l’agitation de la vie, chaque fois, comme une litanie, qui vient rompre la solitude de notre espace.

    Cette scène, dans notre drame intime, on va la jouer souvent, tout seul, sans réplique. Elle pourrait être mortelle si on ne savait que les paroles ne servent plus à grand chose, dans ce théâtre mystérieux, où les acteurs sont là, et en même temps pas là, muets mais perceptibles, si on apprend à les écouter.

    Tout se mélange car il n’y a aucune différence entre la vie et la mort, seules perspectives que nous sommes condamnés à accepter, uniques grandeurs de notre misérable condition. Ce n’est pas la peine de se dire que nous sommes malheureux, car ce n’est qu’une plainte parmi les milliards d’autres qui s’élèvent vers la lumière, une révolte inaudible devant l’incohérence tumultueuse de notre destin.

    Heureusement nous ne sommes pas seuls, mail il est difficile d’entendre cette voix venue d’ailleurs, peut-être du fin fond de nous-même ? Voix sans mots, souffles incertains, lueurs fugitives venant de quel néant, celui d’avant ou celui d’après...

    Cela doit nous suffire car l’essentiel est ailleurs, autour de nous, dans cette voie lactée des ondes, dans ce plasma des énergies des vivants et des morts, espoir qu’un jour nous comprendrons, enfin.

    Aussi étonnant que cela soit, c’est dans le silence des hommes et des choses que l’on trouve une parcelle de vérité, au milieu des incertitudes, pouvant nous convaincre qu’il y a peut-être une logique que nous ne sommes pas encore capable d’appréhender.

    Le silence est né bien avant le bruit. Il nous permet de nous plonger dans le gouffre sans fond de nos pensées, de revivre le passé et peut-être de deviner l’avenir.

J-LdL