COURANT ALTERNATIF --- chroniques du Calavon

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lettre à Marina

 

Lettre à Marina

Le soleil va bientôt se lever là-bas, tout au bout de la montagne.
Quelques lueurs fugitives réveillent les ombres. Il fait frais d’être à la fenêtre et je me recouche, retrouvant la douce chaleur de mon imagination.

Je pense à toi Marina et je me demande encore, pourquoi tu es partie si brusquement, sans préavis, sans me dire au revoir, corps plein de vie subitement figé en un sourire discret, sur un visage de marbre. On était bien tous les deux après tant d’années ensemble. Il n’était plus besoin de beaucoup de mots, mais juste quelques regards, pour savoir que nous nous aimions toujours. Amour complice, amour confiant, amour sans illusion sur le coût de la vie ! Et pourtant tu m’as quitté. 



Quelques fois, c’est vrai, je rêvais de liberté, sans savoir au juste ce que cela voulait dire, pensant naïvement qu’après tant d’années de promenades ensemble, je pouvais me croire capable de survoler mes souvenirs. Mais ce n’étaient que des rêves, des moments d’évasion peu-être, pour aider à vivre mieux la lenteur des routines et les petites blessures de la vie à deux.

C’est vrai, les corps peu à peu s’éloignent l’un de l’autre, les mots ont trop de sens, mais c’est un peu tard, les silences quelques fois ne veulent plus rien dire. Les coeurs cependant vibrent toujours à la moindre tendresse, au réveil d’un souvenir ou d’une nostalgie.



Maintenant il n’y a plus rien. Cette fameuse liberté n’a plus le charme de mes rêves. Elle ne mène nulle part. Elle n’est qu’un instant de désir vite assouvi. Elle ne cache même pas les regrets, la tristesse, le désespoir profond d’une solitude inutile. 



Peut-être, cela veut dire, qu’il n’y a de liberté que dans une prison, ou dans la dépendance, et que seul l’esclave est vraiment libre, tout entier dans ses pensées que personne ne peut lui voler. 

Peut-être aussi, que le vrai amour à deux, ne se réalise qu’une fois qu’on se retrouve seul.

* * *

Tu disparais peu à peu chère Marina, tu t’éloignes, j’entends encore ta voix comme dans un murmure, je perçois ton visage, je devine ton sourire, je pleure encore, mais à quoi servent mes larmes, tu ne me tiens plus la main...


J’ai l’impression que tu essaies de me faire comprendre qu’il est temps que j’assume tout seul une liberté que je croyais merveilleuse, quelques fois quand nous étions ensemble et qui aujourd'hui me révèle son absurdité.



Je n’avais pas compris que la liberté, en fait, n’existe pas et que l’être humain est couvert de chaînes, et qu’il doit avancer comme cela, avec le poids terrible de son destin, de l’incertitude et de l’incompréhension.

Je sais bien que tu es près de moi, mais tu ne peux partager ma douleur, ni me dire quel est le sens exact d’une mort qui me parait inutile. 



Maintenant, je te rencontre souvent, hélas, je te vois sur une photo, mon coeur se serre, je retrouve des mots, une fleur plantée, un livre à la page écornée de ta dernière lecture.


J’essaie de t’oublier, ne serait-ce qu’un instant, j’essaie de me faire croire que tu vis encore. 
Je te parle. Quand vas-tu me répondre ?

J-LdL



17/02/2013
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